4 Septembre 2009
Quatrième de couverture
Auschwitz, 1944. Les privations et les coups. Les humiliations s’enchaînent, les hommes sont traités comme des chiens, déshumanisés, ils n’existent aux yeux de leurs persécuteurs que comme des numéros échangeables, de la main-d’œuvre peu chère. Un prisonnier juif, Daniel, y lutte pour la survie de son âme. Surprenant un concert organisé par Sauckel, le commandant du camp passionné de musique classique, Daniel révèle son talent de luthier pour sauver son ami Bronislaw, violoniste de génie. Il va alors être mis à l’épreuve et devoir construire un violon imitant le son d’un Stradivarius. Tentant d’oublier pour quelques instants la faim, le froid, l’horreur, Daniel comprend vite que de la construction de ce violon dépendent leurs vies. Tragique ironie du sort, il va ainsi éviter les expériences de Rasher, le médecin machiavélique.
Mêlant subtilement réalité historique et fiction, les chapitres s’ouvrent sur des documents : lettres, rapports
qui viennent interrompre le récit à la manière d’une pause – glaçante. Petite et grande Histoire s’entremêlent et se fondent dans une danse fatale et poétique, entre la cruauté et la dignité,
deux partenaires aussi rivaux qu’inséparables, pourtant inhérents à la nature humaine.
À la manière
d’une partition musicale, tout vibre et sonne dans le texte, avec des crescendos que constituent les silences, silences irréels qui laissent le lecteur paralysé et sans voix.
Dans la tradition littéraire d’un Primo Levi, Maria Àngels Anglada offre ici une belle résistance à l’horreur en lui
imposant l’amour de la musique. L’art comme possibilité de faire vivre la mémoire.
Commentaire
Le narrateur est un célèbre violoniste venu à Cracovie pour donner un cours de musique, rencontre une soliste qui le trouble par son jeu et la sonorité de son instrument : un violon. Elle se prénomme Régina et elle lui dévoilera l’origine de cet instrument fantastique dont le son est proche d’un stradivarius. Le violon lui provient de son oncle Daniel, luthier de métier ou plutôt facteur de violon comme il aime à se définir. Voici donc le premier chapitre qui se termine, les suivants nous entrainent dans le passé, dans un des camps les plus sordides, le camp des Trois Rivières.
Le personnage principal, que l’on peut très bien citer comme le héros, se nomme Daniel. Il était donc luthier mais dans le camp il sera un simple menuisier. Il est amené à travaillé dans la résidence du commandant du camp. C’est lors d’une soirée et du concert qui suit qu’un violoniste de talent joue faux en raison d'une défaillance de son violon. Daniel intervient pour sauver le violoniste et propose de réparer l'instrument. Mais un pari infect entre le commandant, le SS Sauckel, et un bourreau de médecin du camp, Rascher, fera de lui un prisonnier en sursis, il est chargé de fabriquer l’instrument parfait, un violon de la qualité d'un Stradivarius. S’il réussit il « vivra » enfin dépérira tranquillement dans le camp dans le cas contraire il sera livré au médecin avec toutes les souffrances que cela comporte.
Daniel nous explique alors la difficulté qu’il a de façonner un instrument de ce type dans ce camp de la mort, la faim, la peur et la délicatesse de ses gestes. Il se remémore les jours heureux, ce sera un rempart à l’horreur qui sévit autour de lui. Le violon sera pour lui la possibilité d’échapper à la barbarie.
Chaque chapitre commence par une lettre, notice, règlement ou autre relatif à la vie au camp. Des lettres effroyables tels les châtiments ou la quantité de cheveux récoltés. Et sans vous dévoiler la fin, on y apprend ce qu’est devenu le violon et le célèbre violoniste que Daniel a sauvé de la mort. Maria Angels Anglada nous présente de façon tout à fait irréelle les camps de la mort comme si à l’intérieur tout était possible aussi bien le bien que le mal mais nous savons très bien que rien de bon n’est ressortit de cette barbarie. Il est également question d’amitié, de fraternité même qui préservera le violon, et le souvenir.
Je viens de commencer ma PAL de Septembre mais celui-ci figurera parmi mes coups de cœur de l’année sans aucun doute.